War Rome T1 Détruire Carthage by David Gibbins

Auteur:David Gibbins
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8 - FIRST EDITIONS
Publié: 2013-09-04T00:00:00+00:00

Un quart d’heure après, ils escaladaient l’amoncellement de grosses pierres provenant de la brèche, que les éléphants avaient repoussées sur le côté. Au sommet, les deux sentinelles postées près du mur s’écartèrent et ils étudièrent le terrain à travers l’ouverture. Immédiatement en face d’eux s’étendait un grand terrain découvert, dépourvu de végétation et parsemé de flaques boueuses, qui occupait probablement un tiers de la surface totale comprise à l’intérieur des fortifications de l’oppidum. Derrière, se trouvait un mur de séparation intérieur en pierres grossières, comme le mur sur lequel ils se tenaient, surmonté d’une palissade de bois qui à quelques endroits avait gardé sa hauteur d’origine et qui comportait au-dessus de la porte d’entrée une tour de guet entière mais partiellement brûlée. À travers les brèches fumantes provoquées dans la palissade par les boules de feu d’Ennius, ils virent les maisons rudimentaires des Celtibères, rondes et couvertes de chaume, comme la hutte antique de Romulus sur le Palatin à Rome. Fabius s’adressa à l’optio responsable du détachement de sentinelles, un vétéran grisonnant à qui il manquait une oreille qu’il crut reconnaître comme faisant partie d’un groupe de jeunes recrues à Pydna, des années auparavant.

— Combien penses-tu qu’il en reste à l’intérieur ?

L’optio scruta la palissade.

— Probablement deux cents guerriers et autant de civils, dont la plupart sont des femmes et des enfants. Mais leur nombre décroît d’heure en heure. Regarde cette petite procession à gauche.

Fabius suivit son regard en direction d’une ouverture dans le mur de séparation, à environ cinquante pieds à gauche de l’entrée sous la tour. Dans l’espace découvert un feu bas et vacillant brûlait, et il se rendit compte qu’il devait être à l’origine de la faible odeur de chair rôtie qui flottait dans l’air. À travers la fumée, il discerna plusieurs silhouettes qui traînaient quelque chose sur le sol en direction du feu, et aussi d’autres tout autour, qui paraissaient se hâter sans but et courir çà et là.

— Est-ce une sorte de rite ? interrogea Fabius. Un terrain sacré ?

— Oui, c’est sacré, répondit sombrement l’optio. Un des prisonniers nous a dit que l’espace ouvert devant sert aux combats singuliers entre guerriers pour sélectionner parmi eux le nouveau chef. Mais là, il ne s’agit pas de ce genre de rituel.

Ennius observait la scène en utilisant un long tube pourvu de lentilles de cristal à chaque extrémité que Fabius se souvenait l’avoir vu fabriquer à l’académie. Il le passa à Scipion qui le posa sur un bloc de pierre pour le stabiliser et le pointa vers le feu et les gens autour, en fermant un œil et en plissant l’autre.

— Jupiter tout-puissant, marmonna-t-il.

Il regarda plus bas, puis passa le tube à Fabius, qui s’appuya contre l’ouverture irrégulière et regarda au travers de l’instrument. L’image vacillait, déformée, floue sur la périphérie, avec des éclats de couleur comme un arc-en-ciel en formation, tantôt nets, tantôt brouillés, mais au bout d’un moment il se rendit compte qu’au centre de la lentille l’image était claire, et son regard se fixa sur la scène, grossie cinq ou six fois par rapport à ce qu’il voyait à l’œil nu.

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